Les dérives de l’hygiénisme et son obsession

À l’instar de tout autre phénomène poussé à l’extrême, l’hygiénisme peut aussi montrer des facettes sombres. Cet article se propose de décortiquer les dérives associées à l’obsession de l’hygiène et de la propreté. Du culte du corps parfait au danger de la stérilisation excessive, nous aborderons plusieurs aspects de cet engouement parfois inquiétant.

Théorie hygiéniste : une nouvelle lumière sur l’augmentation des allergies et maladies auto-immunes

L’augmentation des allergies alimentaires, respiratoires et des maladies auto-immunes comme le diabète et la sclérose en plaques a intrigué les experts de la santé, surtout dans les pays développés. Ces maladies sont toutes liées à un dysfonctionnement du système immunitaire, mais les raisons de leur croissance rapide restent floues. En France, la « théorie hygiéniste » est en train d’émerger comme une explication possible.

Le Dr Guillaume Lezmi, pédiatre allergologue, souligne l’augmentation inexplicable des cas d’allergies parmi les enfants. Il n’est pas seul dans cette constatation ; les maladies auto-immunes comme le diabète de type 1 sont également en hausse. Une équipe de chercheurs parisiens explore une hypothèse intéressante à ce sujet. Ils ont observé que des souris vivant dans des conditions stériles développent spontanément un diabète de type 1. L’introduction accidentelle d’un parasite dans cet environnement propre a fait chuter les taux de diabète chez les souris d’une génération à l’autre.

Le Pr Lucienne Chatenoud, immunologiste, et le professeur Jean-François Bach, ont approfondi cette observation. Selon eux, il y a une compétition dans le système immunitaire humain entre les antigènes forts (ceux des agents infectieux) et les antigènes plus faibles (responsables des allergies et des maladies auto-immunes). Lorsqu’il y a moins d’infections, la réponse immunitaire aux allergènes et aux auto-antigènes augmente, déclenchant ainsi des allergies et des maladies auto-immunes.

Toutefois, se frotter délibérément aux agents infectieux comme la tuberculose n’est pas une solution viable. L’équipe de recherche travaille donc à enfermer des bactéries bénéfiques dans un médicament. Les premiers tests sont prometteurs, notamment en réduisant significativement le taux de diabète chez les souris.

Les dangers de la stérilisation excessive

Dans un esprit similaire, la stérilisation excessive, souvent motivée par la peur des microbes et des infections, peut avoir des conséquences négatives inattendues.

  • D’une part, l’utilisation excessive de produits antibactériens et désinfectants peut contribuer à l’apparition de souches de bactéries résistantes aux antibiotiques. Ce phénomène rend ensuite le traitement des infections beaucoup plus complexe et dangereux.
  • D’autre part, une stérilisation extrême élimine non seulement les bactéries nocives, mais aussi les bactéries bénéfiques. Or, ces dernières jouent un rôle essentiel dans le maintien de notre système immunitaire et de notre flore intestinale. En voulant créer un environnement « ultra-propre », on risque ainsi de déséquilibrer notre écosystème corporel, ce qui peut affaiblir notre système immunitaire et rendre notre organisme plus vulnérable aux maladies.

L’anxiété liée à la propreté

L’anxiété liée à la propreté est un aspect souvent négligé de l’hygiénisme extrême. Cette forme d’anxiété peut engendrer des comportements obsessionnels compulsifs (TOC) liés à la propreté et à l’ordre. Les personnes touchées peuvent passer un temps démesuré à nettoyer, désinfecter et ranger, par crainte des germes ou simplement par une quête insatiable de perfection. La situation peut devenir un enfer pour elles-mêmes mais aussi pour leur entourage auxquelles elles imposent souvent ce type de névrose.

Ces comportements peuvent avoir des répercussions sur la qualité de vie, limitant les interactions sociales et créant des tensions au sein du foyer. Ils peuvent aussi entraîner une détérioration de la santé mentale, notamment en augmentant les niveaux de stress et d’anxiété. Il est donc crucial de reconnaître ce problème et de chercher un équilibre entre la volonté d’un environnement propre et la nécessité de mener une vie équilibrée et heureuse.

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